L’œuvre proposée pour l’entrée principale de la rue King Est à Sherbrooke, se veut simple et emblématique. Inspirée du lieu et de l’historique du quartier.
La présence du frêne d’Amérique dans l’ancien terre plein était à lui seul un point de repère. Reprendre cette image forte d’arbre isolé et l’utiliser afin d’en faire une œuvre signalétique et symbolique.
Dans les cinq arrondissements de Fleurimont (districts), il y en a un qui fait référence à un pin blanc qui s’élevait jadis sur un rocher de la rivière Saint-François, à savoir « Du Pin-Solitaire ». Référence géographique forte tout comme l’était le frêne d’Amérique à l’intersection de King, Murray et Papineau. Utiliser ce caractère concret pour établir un lien formel et symbolique avec le lieu d’implantation et l’aménagement paysager. —Pourrait-il arriver la même chose au frêne qu’à l’orme, à savoir sa disparition, sachant l’agrile du frêne comme fut la maladie hollandaise de l’orme) ?—

Certaines rues changent de nom avec le temps, d’autres sont appelées à être nommées. Le nom des rues tel un arbre généalogique. Passage du temps et des gens qui ont fait le présent, qui ont fait souche.
Que l’on se souvienne, entre autre, de l’arbre du Ténéré cet acacia solitaire, qui fut considéré comme l'arbre le plus isolé de la terre. Il faisait office de repère pour les routes des caravanes qui traversaient le désert du Ténéré au nord-est du Niger. En 1973, l'arbre fut renversé par un camionneur. L'arbre mort fut transporté à Niamey, au musée national du Niger et remplacé par une simple sculpture métallique représentant un arbre. Point de rencontre à jamais immortalisé.

Ici, notre arbre, symbole du développement (durable) du quartier Est, tel un point de rencontre, d’intersection entre ce qui a été et ce qui devient, sans rien oublier du passé, tout en s’ouvrant à l’avenir. Un arbre comme repère visuel, mémoriel et intemporel.

GOUGEON, François, Cure de jeunesse terminée sur King Est, La Tribune, 30 juillet 2013